Anus Mundi by Wieslaw Kielar

Anus Mundi by Wieslaw Kielar

Auteur:Wieslaw Kielar [Kielar, Wieslaw]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Kielar, Témoignage, Shoah, Auschwitz, Seconde Guerre Mondiale, Juif, Déportation, Quotidien, camp, détention
Éditeur: Les Belles Lettres


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Depuis quelque temps, la situation s’était légèrement améliorée à l’hôpital des femmes, surtout grâce aux efforts du Dr Zbozien et de ses infirmiers, qui faisaient tout pour alléger les souffrances de ces malheureuses. Les « fournisseurs » d’Auschwitz travaillaient bien, malgré la sévérité accrue de la section politique à la fin de l’automne 42, et l’exécution, en janvier 1943, de quelques membres du personnel de l’hôpital. Palitzsch avait notamment tenu à fusiller lui-même son « employé » Gienek Obojski. Teofil fut piqué au phénol par Klehr, sur ordre de la section politique. Ils se débarrassèrent ainsi de tous les témoins des meurtres qui avaient eu lieu dans la cour du bloc 11. Georg Zemanek et Fred Stessel ne sortirent du cachot que pour être fusillés. La mort de ce dernier le réhabilita aux yeux de bien des détenus, que son zèle et ses flagorneries avaient dégoûtés. Il jouait un rôle, mais n’avait pu tromper longtemps les mouchards de la section politique. Bock fut destitué de ses fonctions de « doyen de camp » de l’hôpital des détenus, et envoyé dans un commando extérieur. Une partie de ses protégés quitta également l’hôpital, et alla tenter sa chance ailleurs.

Si la situation était moins catastrophique à l’hôpital des femmes, elle continuait à être terrible dans le camp. Le manque d’hygiène et la faim décimaient les détenues déjà durement éprouvées. Le manque d’eau favorisait la propagation du typhus ; dans ces conditions, il était impossible de lutter contre l’épidémie. Pour tenter de la juguler, les autorités du camp utilisèrent les mêmes méthodes radicales que l’année précédente au camp des hommes, principalement en opérant des sélections. Chaque jour, plusieurs milliers de femmes étaient envoyées à la chambre à gaz. Le médecin du camp, le Dr Rhode, réduisit à néant tous ses efforts méritoires en participant activement à ces sélections. Il avait apparemment capitulé. Le groupe du Dr Zbozien fut dissous. Une partie des médecins et des infirmiers regagna Auschwitz ; les autres restèrent définitivement à Birkenau. Je faisais partie de ce dernier groupe.

Je devins secrétaire du bloc 21. Le bureau se trouvait dans une petite pièce, sur la droite du couloir conduisant à l’infirmerie. Nous y travaillions à trois : Karol, notre aîné, était le chef ; mon compatriote Zygmunt, du même âge que moi et également arrivé par le transport de Tarnow, devint son adjoint Mon travail consistait à rédiger les fiches de décès. Elles devaient comporter la description détaillée de la « maladie » dont étaient morts les détenus assassinés — fusillés, gazés, piqués au phénol. Leur histoire médicale, bien entendu fictive, devait y figurer. Les autorités du camp l’exigeaient, et l’on m’ordonna de le faire. Au début, je marquais « arrêt du cœur » pour les détenus dont je savais pertinemment qu’ils avaient été fusillés. Par la suite, je me rendis compte qu’il y avait par trop de ces « arrêts du cœur » ; cela risquait de mal tourner pour moi si la section politique s’en apercevait. Je rédigeai donc les



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